Gilles peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours et notamment comment tu es arrivé dans cet environnement d’innovation ?
J’ai une formation initiale, très transversale, dans le domaine de l’environnement et plus spécifiquement une expertise en matière d’assistance à maitrise d‘ouvrage (AMOA) d’espaces publics. J’ai eu plusieurs expériences professionnelles aussi bien en petite structure que dans de plus grosses. J’ai ainsi commencé ma carrière au sein des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) puis au Conseil départemental de la Moselle où j’ai travaillé sur la politique d’aide aux collectivités. Aujourd’hui au sein de l’Eurométropole de Metz, je suis responsable du service Mécénat et Innovation où gère notamment l’activité du M’LAB.
S’il fallait identifier un fil conducteur à ces différents postes, je pense qu’on le trouverait au niveau de ma posture de travail : une posture d’abord d’écoute, de travail en transversalité, de reformulation, de compréhension et de définition des problématiques à résoudre, des besoins à satisfaire, et ce quel que soient les projets.
Aujourd’hui, c’est cette posture de « facilitateur » qui m’a conduit à ce poste. Innover impose la nécessité de décloisonner les approches, de co-construire, de faire appel souvent à l’intelligence collective. Tous ces mots ont un sens et ne se décrètent pas. Pour les conjuguer, il faut s’en donner le temps et y décliner des méthodes, des manières de faire, des techniques adaptées et des outils.
Comment as-tu vécu l’accompagnement porté sur le projet « Zero déchet, Zéro gaspillage » dans lequel tu étais non pas facilitateur mais participant ?
Avec Françoise, j’ai pu justement expérimenter un exemple d’outil de la facilitation : le GPS, mais j’ai découvert aussi l’organisation d’atelier de co-production grand format en mode world café (près de 100 personnes). Je n’étais pas à l’époque dans mon poste actuel, et donc mon activité quotidienne n’était pas encore à la préparation minutieuse d’atelier d’intelligence collective. Mais l’accompagnement fourni par Françoise m’avais permis de bien me rendre compte de toute la progression et la préparation nécessaire (aussi bien en terme de contenu, d’objectifs à atteindre en fin de session que d’aspect purement logistique) pour qu’une session se passe bien et soit productive.
Comment est né le laboratoire d’innovation de la Métropole ?
Le laboratoire d’innovation de la métropole est né fin 2020, après un accompagnement de la 27ème Région (une structure associative et un réseau, qui depuis plus de 10 ans, travaille et accompagne les collectivités à concevoir et préparer l’action publique de demain). La création de ce « service-support » est venu du constat d’un manque d’outils et de méthodes pour mieux travailler en transversalité entre les différents services de l’administration. Il s’agit également d’aller « sur le terrain », de requestionner les usagers sur les services que l’on propose, pour mettre l’utilisateur au cœur de la solution qu’on lui met à disposition. Selon les projets accompagnés, on se situe aussi bien sur des usagers internes (nos collègues lorsque l’on travaille sur de l’amélioration de process de travail), ou externe (des habitants quand l’on travaille sur de la création de nouveau service).
Peux-tu nous parler d’un projet ?
Nous avons travaillé sur une quinzaine de projets comme par exemple la question de l’accueil et de la bonne intégration des nouveaux collaborateurs de l’Eurométropole et de la ville de Metz. Nous accompagnons également tout le process de dépôt et d’instruction des autorisations d’urbanisme de manière dématérialisée, permettant à tout citoyen de faire sa demande de permis de construire depuis chez lui quand il le souhaite. Pour ces 2 exemples, notre méthode d’intervention est sensiblement la même : observation, enquête qualitative auprès des usagers, ateliers collectifs pour identifier les freins, les irritants, les leviers d’améliorations, puis création en collectif des solutions, puis test.
Nous avons travaillé également à améliorer le process et les réponses aux usagers sur toutes les questions de voirie, stationnement ou travaux. Nous avons en cours une réflexion sur l’implantation de bornes d’accès aux services numériques en mairie de quartier, et venons de d’accompagner nos collègues sur la concertation des usagers et des élus sur la future feuille de route Air Energie Climat de notre collectivité.
Au niveau Grand Est, nous faisons partie du réseau des laboratoires d’innovation publique au côté d’autres labo : celui de la Région et de la Préfecture (Lab’Est), celui de Mulhouse, de Strasbourg, de Nancy, de Pôle Emploi, des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et d’autres qui vont nous rejoindre prochainement je l’espère.
Quelques conseils aux collectivités pour créer, développer en interne un Lab ?
D’abord, accepter de recourir à des profils atypiques. J’ai la chance d’avoir dans mon équipe une designeuse, une facilitatrice, un profil de facilitateur digital, autant de profils et de métiers peu courants dans nos administrations, mais qui apportent un regard, une autre manière de faire et des outils pour stimuler tantôt l’expression des parties prenantes, tantôt la créativité…
Ensuite, il faut stimuler et encourager l’innovation, accepter l’essai-erreur. Prendre le temps d’aller sur le terrain questionner le « sujet de près », et ne pas partir tout de suite sur une solution toute faite. Enfin, il faut que cet état d’esprit soit porté au plus au niveau de la hiérarchie.
Si tu avais un conseil a donné aux facilitateurs ce serait de … ?
Peut-être pas un conseil, mais plutôt plus une citation que j’aime bien, qui résume pas mal la posture qu’il faut avoir en tant que facilitateur : « Les gens qu’on interroge, pourvu qu’on les interroge bien, trouvent d’eux même les bonnes réponses » (Socrate)